... MAIS ELLE PERDURE, LA FOLIE

photographie: mat jacob

jeudi 7 mai 2009

Pierre Guyotat

(...) sa joue, murmure modulé sorti de la gorge, ébranlant le front, vibre sur l'aine du blond; ses dents ébréchées morsillent les chairs molles tirées, son bras enserre le fessier immaculé du blond; les doigts, la paume de son autre main, attouchent le pouls du ventre qui fermente; les boucles hautes de sa chevelure balaient le sein cuivré du blond; sa langue balafrée sort d'entre ses dents, d'entre ses lèvres, nez piquant vers les boules, chauffe le bord du cul salé par la suée; le ventre trésaille; (...) in eden eden eden


















(...) la nuit. l'aube: je vais chercher maman, restez avec bachir.dans les rues, le long des murs, contre la chaux mouillée, les soldats ensommeillés s'appellent comme des putains,ils grattent la terre avec leurs souliers à clous et rejettent la poussière au milieu de la rue, sur mes pieds nus, les ombres se lèvent sur les façades, nageoires et lances, les fenêtres s'ouvrent, les ombres tintent dans les feuillages, contre les troncs; les têtes nues, montent le long des vitres, odeurs de lit, chaleurs vertes, songes sortent de ces bouches ouvertes sur l'orient; la barrière blanche et rouge, un soldat coule du sable rêveusement sur le levier de fer, je m'approche du poste de garde, le soldat marche vers le mirador, la sentinelle plie sa couverture et la jette sur son épaule, ouvre la portière et descend du mirador, la main sur la rampe d'acier: "hi... hi..." (...) in tombeau pour cinq cent mille soldats


Cours Pierre Guyotat
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Leçons de Pierre Guyotat sur la langue française, à l’université Paris VIII

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