... MAIS ELLE PERDURE, LA FOLIE

photographie: mat jacob

jeudi 27 janvier 2011

ou le siècle à venir sera celui du refus, ou il ne sera qu'espace carcéral.

dormez. dormez, heureux mortels. de ce sommeil qui sera peut-être le dernier. bouche entrouverte. lèvres molles. un limon de salive plaqué aux commissures. comme un sang pâle. comme du sang blanc. râ-râ-râle du mort-vivant. la vie s'avorte au coeur ralenti. heures de la nuit et des cadavres. toute une partie de la terre s'achemine en même temps à pas de velours vers l'archipel des gisants. l'homme expire approximativement dans son rêve. demain est une abstraction de haute mathématique. demain, qui n'a de sens que vécu. 
in septentrion


comment expliquer ce qui se passe dans le coffre pendant ces brusques poussées de déflagration qui règlent les battements de vos artères sur les pulsations secrètes du monde? sensation de devenir pour tout de bon le centre hyper-réceptif de l'univers en gestation. la pensée quitte avec éclat le siège de la captivité. résout, comprend, élucide au micro-poil. les équations mathématiques les plus ardues, si elles lui étaient proposées, se trouveraient résolues comme de vulgaires additions de deux chiffres. le mystère se déchirait autour de moi. j'émergeais de ma glaise. mes ailes récurées, j'allais prendre mon envol triomphal. bien que mon apparence d'homme n'ait pas changé et que personne ne fût capable de me distinguer dans la foule. cette foule d'êtres en déplacement s'était résorbée sous son plus faible volume, de la grosseur d'une noix, disons, afin de s'agglomérer sans histoire à mes propres cellules, circuler dans mon réseau sanguin avec la même force nutritive qu'une injection de liquide vitaminé. la foule, c'était moi. contenant de toute forme vivante. de là à m'annexer dieu par la même occasion, il n'y avait qu'un pas. j'étais donc le réceptacle de dieu. et puis dieu lui-même. et puis l'esprit de dieu. et puis plus rien que l'esprit. légère volute de fumée bleue qui paresse, indécise, au-dessus des toits de la ville. ne faisait qu'un avec l'éther. ce qui restait en moi de plastique devenait sphérique. comme les astres. comme l'orbite invisible de la roue. comme le serpent et la carcasse de la destinée. on n'entendrait désormais ma voix que par l'intermédiaire du souffle de l'animation. je veillerais à l'onction du baptême. qu'il soit d'eau ou de feu. et si je devais revenir parmi vous un jour, je me présenterais aux portes de la ville monté sur un âne robuste et paisible. pour recommencer, mais cette fois victorieusement, le combat des marais contre l'hydre.
in septentrion


 (...) elle est une déchirure de beauté.
in la mécanique des femmes


des fruits chasseurs d'oiseaux des nuques qui frissonnent
une jambe au bas noir silhouettes légères
sur la table une main aux doigts qui s'abandonnent
le regard agaçant des jeunes étrangères

des rires éclatés des lèvres qui buissonnent
un orage bleui de cheveux en jachère
tous ces mots incompris et ces accents qui sonnent
la vie comme est la vie et ma vie aux enchères

un jour viendra 
du temps sans moi 
un jour viendra 
du temps sans moi 

in poëmes ébouillantés





tu es l'odeur d'une fourrure
du pétrole bleu dans le port


tous les vents à leur encolure
le sel et les sables d'armor


tu es l'oubli d'une coiffure
la silhouette d'un décor


le jeu d'une tendre torture
où le tricheur est le plus fort


tu es l'invisible fêlure
du géomètre de la mort


in londoniennes




minuit sonne on ne sait où dans la ville.le vent grince contre la fenêtre de la chambre qu'elle a assombrie en jetant un foulard sur la seule lampe allumée.la chaleur est flottante.
assise sur le bord du lit, elle sait que je la regarde enlever ses bas.

in la mécanique des femmes


rester un esprit vivant. ne croire ni aux formules honorifiques ni aux fonctions. vivre comme on éclaterait. être de la jeunesse en action. se foutre du monde et hurler.
in situation

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