... MAIS ELLE PERDURE, LA FOLIE

photographie: mat jacob

samedi 31 août 2013

la fille aux étoiles (tina icon)






Tina Aumont (1946-2006)

Poëse(s)

La littérature doit être un organisme vivant.

vendredi 30 août 2013

substance


rien ne devrait exister que nos indifférences...
pas même incertaines.
te voir et t'éviter
encore...
le poids de la futilité
égare cet élan...
ne rien attendre
est entendre parfois
par-delà des ondes
éphémères
et lasses
ailleurs ainsi...

jeudi 29 août 2013

à lier

du fond de rien s'étendre... l'éloge rance abattu blesse l'oxymore; feindre l'errance... rien n'existera que la fin et moins encore. au loin quelque spasme induration... on ne s'habitue point. vassale langue animale, et par-delà le temps, des montagnes se minent indifférentes, érodent monotones, à lier. merde hier allusive, limites...

samedi 24 août 2013

B.

menace obscure alpestre lasse/ errance intime désarroi/des formes lentes écarlates/n'est-ce pas/encore la pénombre/allure incertaine sur le tarmac/on s'appelle/convoi s'ébranle & nuit sombre/tandis qu'ailleurs la chute vertigineuse/Birgit/loin dans la nuit/roule matin tente/encore/et la grand route, coûte que coûte, aux lacets venimeux/ah. eux./long caprice à la nuit/silence. merde/on a tout vu, voire/on en parle exsangue/et soudainement l'ivoire est un uranium/shake the disease/après, c'est tout...

d'en face


 Et c'est alors que, continuant de regarder distraitement tous ces téléviseurs allumés aux fenêtres de l'immeuble d'en face, je fus frappé par la présence d'un téléviseur allumé tout seul dans un salon désert, nulle présence humaine ne se laissait deviner près de lui dans la pièce, un téléviseur fantôme, en quelque sorte, qui diffusait des images dans le vide d'un salon sordide au quatrième étage de l'immeuble d'en face, avec un vieux canapé gris qui se devinait dans la pénombre de la pièce. Le téléviseur diffusait la même série américaine que celle que nous regardions nous-mêmes chez les Schweinfurth, de sorte que, debout à la fenêtre du salon, l'image et le son de la série américaine me parvenaient simultanément, quoique par des canaux distincts, quasiment stéréophoniques, j'avais l'image devant moi, toute petite et lointaine, sur le gros écran bombé de ce téléviseur allumé au quatrième étage de l'immeuble d'en face, et le son dans mon dos, qui résonnait dans le salon des Schweinfurth. Lorsque, finalement, je déplaçai mon regard vers une autre fenêtre, le son ne changea pas derrière moi., c'était toujours les mêmes voix de doublage en allemand de la série américaine que nous regardions qui me parvenaient (c'est monsieur Schweinfurth qui avait la télécommande, et je n'avais nullement l'intention d'aller lui disputer son sceptre), mais à ce son imposé je pouvais ajouter les images de mon choix et me composer le programme que je voulais, je n'avais qu'à laisser glisser mon regard de fenêtre en fenêtre pour changer de chaîne, m'arrêtant un instant sur tel ou tel programme, telle série ou tel film. La vue et l'ouïe ainsi écartelées entre des programmes des plus contradictoires, je continuais de changer de chaîne au hasard des fenêtres de l'immeuble d'en face, un peu machinalement, passant d'un écran à un autre d'un simple déplacement des pupilles le long de la façade, et je songeais que c'étais pourtant comme ça que la télévision nous présentait quotidiennement le monde: fallacieusement, en nous privant, pour l'apprécier, de trois des cinq sens dont nous nous servions d'ordinaire pour l'appréhender à sa juste valeur.

in La Télévision (éditions de minuit) Jean-Philippe Toussaint, pp.168/170

vendredi 23 août 2013

l'homme et sa douleur


antonin artaud, avril 1946

exhibit

Errance activité nocturne
Au milieu des vides
Au-delà des stances
Exhibit

Sans forme le réel
Il se laisse glisser,
Dans les plis se dilue
Venimeux encor

Noeud corde sommeil
Interdit
Goémons & morphines
S'enlassent

Circumduction
Vertige lent
Lune profane
Inélégance, enfin

jeudi 22 août 2013

... extime

l'indécence longtemps. ne signifie rien maintenant. relier est relire. une unité viable, extime.
rien n'existe hier que cet avenir . épanchement d'ici... voir trouble. ni pauvre ni vide, extime.
ne rien imaginer, itérer l'ombre. étranges hauteurs inconnues alors... déférence extime.
voir encore par transparence blême l'espace du dedans instable même... l'élégance rare, extime.

la nuit...


marie de régnier, par pierre louÿs

samedi 17 août 2013

saccage

flashes intenses verte engeance rare seringues encor et barbelés macabre espace fuite létale lumière insane embryons noircis... spectre même au-delà de l'errance. effluves de catastrophes en un miroir à l'innocence lasse. rêves d'ailleurs, d'avant la mort, au milieu d'un fracas leste; ensuite seulement attendre en vain le vide... une main le bas-ventre et l'antre incertain. sanction relâche rotule dimanche. saccage ! travelling merde pendaison écran fracturé osmose électrique danse. cicatrice atroce... carambolage monstre cyanhydrique échange. connerie compte à rebours. perfusion étanche fréquence hâtive manège ivre désespérance. à l'horizon démence...

mardi 13 août 2013

baguenaude

Réification
Néanmoins déprendre
Ivresse mesquine
Délibérée
Substance en appétence
Structure
Entre fissures et
Afflictions
Inhérence même
Lactique acide encor
Succinct élan
Un glissement
Pas si terrible.

samedi 10 août 2013

regardez-moi disparaître

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Ouverture de la trappe
Lumière crue


Une table deux chaises et pas de fenêtre


C'est ici que je suis
et voilà mon corps

qui danse sur du verre


En un temps accident où il n'est pas d'accidents


Vous n'avez pas le choix
le choix arrive après


Coupez-moi la langue
arrachez-moi les cheveux
extirpez-moi les reins
mais laissez-moi mon amour
je préfèrerais avoir perdu mes jambes
m'être fait sauter les dents
m'être fait gicler les yeux
qu'avoir perdu mon amour


brille scintille cingle brûle tords serre effleure cingle brille scintille cogne brûle flotte scintille effleure scintille cogne scintille brille brûle effleure serre tords serre cogne scintille flotte brûle brille scintille brûle


jamais cela ne viendra


effleure scintille cogne cingle tords cingle cogne cingle flotte scintille brille cogne tords serre brille serre effleure scintille tords brûle scintille effleure brille effleure flotte brûle serre brûle scintille brûle brille



Rien à jamais

      (mais Rien)


cingle tords cogne brûle scintille effleure flotte effleure scintille brûle cogne brûle brille effleure serre effleure tords scintille flotte cingle brûle cingle cogne cingle serre cingle flotte cingle scintille brûle effleure



Victime. Fauteur. Spectateur.


cogne brûle flotte scintille brille scintille brûle cingle tords serre effleure cingle brille scintille effleure scintille cogne scintille brille brûle effleure serre scintille tords serre cogne brille scintille brûle scintille brille



le matin apporte la défaite


tords cingle cogne cingle flotte scintille brille cogne tords effleure scintille cogne serre cingle brille serre effleure scintille tords brûle scintille effleure brille effleure flotte brûle serre brûle brille scintille cingle


belle douleur
    qui dit que j'existe


scintille cogne cingle effleure tords serre brûle cingle serre cingle cogne scintille brille serre brûle cingle effleure scintille flotte brille scintille effleure serre brûle cingle serre cingle cogne brille scintille brûle


et demain une vie plus déséquilibrée


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Sarah Kane   4.48 Psychose (L'Arche) pp 38/41 traduction Evelyne Pieiller

une ou deux choses à embrasser...


vendredi 9 août 2013

hollow inside

là-bas

l'éternité n'existe pas. photogramme nulle part. l'errance précède l'essence. n'être rien qu'une trace indélébile. existence lasse même. déconstruire un avenir fragile. épanchement laxe, horizon blême. ma fin ton commencement éphémère. hier encore que... à l'idée qu'elle offusque, elles étincellent par volutes. désert son antre. à l'innocence fugace. un luxe l'inélégance après la fougue. nos longueurs d'ondes malades. des failles lentes après la lande. un jour prochain l'apothéose sera cinglante. après grand silence même pas.

mardi 6 août 2013

tout dansait maintenant.

Il était minuit.
(C'est l'heure où les filles souffrent.)
Mes cils faisaient des embardées
comme un homme ivre.
Dans ma bouche, la salive bouillait
comme une lessive -
Puis les talons se sont mis à claquer.
Les filles étaient belles très belles.
Tous les convives se sont regardés -
Et le silence enveloppa de nouveau
le salon -
On put entendre le frottement léger
du voile de Laurie.
Le crépuscule s'épaississait, et, déja !
Je rampais sur le tapis.





Marie-Laure Dagoit, La fille derrière la salle de bains, Cercle (poche), p.40