... MAIS ELLE PERDURE, LA FOLIE

photographie: mat jacob

vendredi 26 août 2016

Balivernes...

C'est à l'instant interdit à l'instant interdit Balivernes Bouches sèches Ailleurs inscrit hier Cerveau les Errances à l'hémisphère A l'abandon étrange scansion Savoir l'azur en l'érosion Cette nuit Encor itinérance Désordres horizons Errance même Au-delà tensions heure pour heure, temps pour temps...

Ailleurs...

  Cette tension ne se relâcha pas de toute la nuit. Le lendemain était un dimanche. Il fit une demi-douzaine de visites et, au milieu de la matinée, se rendit chez M.Singer. Dans cette chambre il oublia sa solitude et, lorsqu'il en sortit, il était en paix une fois encore.
  Mais avant qu'il eût franchi le seuil de la maison un incident lui fit perdre cette paix. Comme il descendait les escaliers, un Blanc, chargé d'un grand sac de papier, les montait. Il se rapprocha de la rampe de l'escalier pour lui laisser le passage. Mais le Blanc escaladait les marches deux par deux, sans regarder devant lui, et il heurta le docteur Copeland avec une telle force que ce dernier en eut le souffle coupé.
  " Christ ! Je ne vous avais  pas vu. "
  Le docteur Copeland le regarda en face mais ne répondit pas. Il avait déjà vu ce Blanc. Il se rappelait le corps trapu, brutal et les énormes mains maladroites. Puis, avec un brusque intérêt professionnel il observa le visage de l'homme car, dans ses yeux, il avait discerné le regard étrangement fixe de la folie.
  "Pardon !" dit le Blanc.
  Le docteur posa sa main sur la rampe et passa outre.


Extrait de Le Coeur est un chasseur solitaire, Carson McCullers , p.190, Biblio/Livre de Poche, traduction Marie-Madeleine Fayet

vendredi 19 août 2016

What have I done ?


What have I done ?
 A ceux de la loi travail...

mercredi 17 août 2016

Atlas




Antoine  d'Agata, Liban  




fièvre, énergumène...

Errance en ces temps incertains, évulsion lasse à cette écorce
Savoir celle-ci, en contemplations amènes
Se taire en cet instant, salutaire...
Après l'étreinte extrait hémisphère, nuit debout au passage du jour...
Encor quelque élan à la pénombre crasse.
Perspective impavide, après l'ivresse, balafre séminale
L'extase de l'instant
Pour l'espace d'un moment
Ou pour l'éternité même
Capturée en une seconde de fièvre, énergumène...




lundi 15 août 2016

Diaphragmatique

 J'ai bien reçu cette lettre dans le courrier mais je n'étais pas pressées d'ouvrir l'enveloppe me doutant que la réponse devait être négative, aussi j'ai commencé par faire du ménage et c'est seulement après quand je me suis décidée à la lire que je me suis rendue compte qu'elle ne m'était adressée, on avait dû la mettre par erreur dans ma boîte, d'autant qu'en fait si l'adresse était correcte, à première vue, le nom n'avait rien à voir avec le mien ni avec celui d'ailleurs d'autres locataires du petit immeuble, il m'a semblé, sur le coup, l'entête par contre était celui d'un organisme dont en effet j'attendais des nouvelles bientôt, c'était troublant, indéniablement j'avais reçu cette lettre même si elle ne m'était pas adressée en réalite, soit je la renvoyer à son destinataire dans ce cas elle se perdait probablement, soit je l'ouvrais ce qui ne se fait pas, est incorrest, voire peut-être même illégal, je ne sais pas, en plus la lire ne m'aurait avancé à rien étant donné que l'information qu'elle devait contenir ne me concernait pas, n'avait même aucune chance de concerner qui que ce soit que je connaisse puisque ce nom ne me disait rien, en tous cas la lettre est restée sur la table assez longtemps jusqu'à ce que par inadvertance avec un paquet de prospectus je pense on l'a jeté, ça doit être moi d'ailleurs, donc j'ai continué à attendre pendant pas mal de temps cette décision jusqu'à ce que je prenne mon courage à deux mains et à nouveau m'adresse à cet organisme, en fait il m'avait bien envoyé un décision favorable, en plus, et un courrier qui m'en faisait part, seulement je ne sais pas comment elle n'aurait jamais dû arriver chez moi parce que, dans leur fichier, mon nom n'était pas le bon mais l'adresse correcte, ce qui veut dire que mon facteur est au courant d'un certain nombre de choses un peu intimes me concernant et au travers de l'enveloppe avait vu juste, peut-être en la palpant simplement aussi, et avait donc distribué chez moi à bon port cette lettre.

extrait de Electuaire du discount (le Bleu du Ciel) p.74 Jérôme Mauche 

vendredi 12 août 2016

jeudi 11 août 2016

En la nuit

Ames flinguées une affliction; fin d'histoire nuit d'hier... Cauchemar pour quelque nomade à l'instant. Ivre de vie et d'amertume. Limites du réel, étreintes... Quel encore ? Le futur, ce passé qui se laisse attendre, emmerdre... Rien ne vient que cette apothéose lente, apocalypse-bidon, aversion naguère abandon ores, lassitude parmi les ombres indélébiles... Suicides décalés, symphonie mystique à chier et plus encore... Souvenir d'hier non, vidange, étrons, effort de guère, anodin envahit atmosphère, est-elle quelle, en la nuit ?

mardi 9 août 2016

Strip it down


Kill the sexplayer, Girls Against Boys, 1994 

lundi 8 août 2016

Miscellanées

Actuelle trace
En ce nom mensonger
Savoir l'ombre
Errance efficace
Omise à la nuit
Petit d'homme
Ivresse en l'onde
Fugace
La foule, en son sein
Fatales
Les secondes, les heures
Cruciales
Je me souviens
Pipe revolver fesses nues continuez
A se noyer, volupté
Etroite route en ce sillage
Danse indécente, puis l'orage
Jouir signe particulier
A la nuit malaise
Ivre de ville, ou de vitesse.
Iode torture
En ces années
Tel un destin
Miscellanées...


Nora & Jim

 "8 décembre 1909
44 Fontenoy Street, Dublin.

Ma douce petite pute Nora,
J'ai fait comme tu me disais, ma sale petite fille, et je me suis branlé deux fois en lisant ta lettre. Je suis ravi de voir que tu aimes être foutue par le cul. Oui, maintenant, je peux me rappeler où je t'ai foutue si longtemps par derrière. Chérie, ça a été la baise la plus dégueulasse que je t'ai jamais faite. Ma pine est restée plantée dans toi pendant des heures, te foutant et te refoutant par dessous ta croupe redressée. Je sentais tes grosse fesses grasses en sueur sur mon ventre et je voyais ta face enfiévrée et tes yeux fous. A chaque coup de queue que je te donnais ta langue impudique jaillissait d'entre tes lèvres et si je t'en donnais un coup plus fort et plus profond que d'habitude des pets bien gras bien sales sortaient en crachotant de ton derrière. Tu avais un cul plein de pets cette nuit-là, chérie, et je te les sortais en te foutant, de bon gros copains bien gras, des longs venteux, des petits craquants gai rapide et tout un tas de petits minuscules polissons de pets qui se terminaient en une coulée jaillissant de ton trou. c'est merveilleux de foutre une femme qui a des pets quand chaque coup de queue les fait ressortir un par un. Je crois que je reconnaîtrais n'importe où un pet de Nora. Je crois que je pourrais repérer le sien dans une salle pleine de femmes péteuses. C'est un bruit plutôt fillette pas le pet mouillé lâche que j'imagine chez les femmes grasses. Il est soudain et sec et sale comme celui qu'une petite fille effrontée décocherait la nuit même pour rire dans un dortoir. J'espère que Nora me décochera sans fin ses pets dans la face pour que je puisse aussi connaître leur parfum.

Tu dis que quand je reviendrai tu me suceras et tu veux que je te lèche le con, petite salope dépravée. J'espère qu'une fois tu me surprendras quand je dors et que je suis habillé, que tu t'approcheras furtive avec l'ardeur d'une putain dans tes yeux ensommeillés, et tu me déboutonneras doucement bouton après bouton la braguette de mon pantalon et doucement tu y prendras le gros mickey de ton amant, et que tu l'avaleras de ta bouche humide, et que tu le suceras encore et encore jusqu'à ce qu'il devienne plus gros et plus raide et qu'il te décharge dans la bouche. Moi aussi une fois je te surprendrai endormie, je te remonterai les jupes et j'ouvrirai doucement ta culotte brûlante, puis je m'étendrai doucement à côté de toi et je commencerai à lécher paresseusement tout autour de ta fourrure. Tu commenceras à te remuer et à t'agiter alors je lécherai les lèvres du con de ma chérie. Tu commenceras à gémir et grogner et soupirer et péter de joie dans ton sommeil. Alors je lécherai plus vite et plus vite comme un chien vorace jusqu'à ce que ton con soit une masse de bave et que ton corps se torde sauvagement.

Bonne nuit, ma petite Nora péteuse, mon dégoûtant petit oiseau fouteur. Il y a un mot charmant, chérie, que tu as souligné pour que je me branle mieux. Ecris-moi plus sur ça et toi, avec douceur, plus sale, PLUS SALE."

Joyce, in Lettres à Nora (traduction André Topia)

Gainsbourg offrit une lecture chevrotante de cette missive, par une nuit d'orage, aux auditeurs de Carbone14 en 1984 ou 1985, chez un certain Jean-Yves - à qui Philippe Lauvergne dédiera son adaptation de Finnegans Wake - qui s'est perdu, depuis...  



dimanche 7 août 2016

L'esprit est le corps (Don Quichotte, incipit...)

 Quand elle fut enfin folle parce qu'elle s'apprêtait à se faire avorter, il lui vint l'idée la plus insensée que jamais femme eût conçue. C'est-à-dire aimer. Comment une femme peut-elle aimer ? En aimant quelqu'un d'autre qu'elle-même. Elle aimerait quelqu'un d'autre. En aimant une autre personne, elle redresserait toute espèce de torts politiques, sociaux, et individuels: elle se mettrait dans des situations si périlleuses qu'elles lui apporteraient renom et gloire. l'avortement était sur le point d'avoir lieu:
  Elle était couverte du cou jusqu'aux genoux d'un papier fadasse, vert gerbi. C'était son armure. Elle l'avait choisie tout spécialement, car elle savait qu'en ce monde la vie est tellement dure pour une personne célibataire, même riche, que cette personne doit faire avec ce qu'elle trouve: ce monde, il ne se prête pas à l'idéalisme. Par exemple: le papier vert se déchirerait dès que l'avortement débuterait.
  Il lui annoncèrent qu'ils la transféraient du fauteuil opératoire à son lit en fauteuil roulant. Le fauteuil roulant serait son moyen de transport. Elle sortit pour l'examiner. Il se mourait. Jadis, ç'avait été une rosse, comme les plumitifs et autres rimailleurs sur la paille, ces vieilles rosses; et maintenant, comme toutes les rosses, c'était une ivrogne à plein-temps, qui n'avait que des histoires de coucheries à la bouche or qui non seulement ne couchait plus jamais mais n'en avait même ni les moyens ni l'équipement, et qui traînait avec les autres cloches. A savoir, les femmes qui se font avorter.
  Elle décida que puisqu'elle s'embarquait dans la plus formidable aventure qu'être humain pût entreprendre, celle du Saint-Graal, elle devait avoir un nom (identité). Elle devait se donner un nom. Quand tu es couchée sur le dos, qu'un médecin te fourre un cathéter de métal dans le corps et que tu fais tout ce que lui et les infirmières te demandent de faire; finalement, heureusement, tu laisses ton esprit divaguer. Laisser ton esprit divaguer, c'est mourir. Il lui fallait une nouvelle vie. Elle avait besoin d'avoir un nom.
  Comme on l'a dit, son lit roulant s'appelait Rosse-rossée ou Rosse-rebattue , signifiant rosse un jour ou rosse toujours ou un écrivain ou toute tentative d'avoir une identité qui échoue invariablement. Tout comme Rosse-rebattue est la glorification ou la transition de la non-existence à l'existence de la Rose-rossée, elle décida que cathéter serait la glorification de Kathy. En adoptant un tel nom qui, étant long, est masculin, elle pourrait devenir femme-homme ou chevalier-nuit.*
  La catharsis, voilà comment traiter le mal. Elle lustra son papier vert.
  Pour aimer, elle devait trouver quelqu'un à aimer.
  "Pourquoi, se demanda-telle in petto, dois-je aimer quelqu'un afin d'aimer ? N'est-ce pas mon amour pour un homme qui m'a conduite à cet avortement ou état de mort?
  "Pourquoi ne puis-je aimer, tout simplement ?
  "Parce que tout verbe pour être transitif  a besoin d'un objet. Sinon, n'ayant rien à voir, il ne peut se voir lui-même, ni être. Puisque l'amour est compassion ou communication, j'ai besoin d'un objet qui soit à la fois sujet et objet: pour aimer, je dois aimer une âme. Une âme peut-elle exister sans un corps ? Le physique est-il distinct du mental ? De même que l'amour d'un objet est l'apparence de l'amour, le domaine physique est l'apparence du divin: l'esprit est le corps. C'est pour cela, pensa-t-elle, que j'ai un corps. C'est pour ça que je me fais avorter. Je peux donc aimer."
  C'est comme ça que don Quichotte décida de sauver le monde.

*night-knight mot utilisé par Acker en la version originale du texte.

Extrait de Don Quichotte Kathy Acker Editions Laurence Viallet  (pp.9/11) traduction de l'anglais (Etats-Unis) Laurence Viallet

jeudi 4 août 2016

Scansions

errance latence
élément d'avant-hier
ma peau par tous les pores
sacrificiel instant
en ton chemin, inexistant
parallèle à ces vies
simulacres
vivre est ce télégramme
déchiffré point après
ces années lasses
savoir n'est rien
errements flegme dérision
après les dos
nos cibles lâches
et quelque effort de tensions
internes voire
alarme à l'oraison
au milieu du visage
cessations 
ton oeil mon abandon
ta confusion mon spasme
après le temps
cette heure est à l'entraille
substance famélique
à la nuit consumée
merdre
partout le temps
et point de montre
et cet espace
qui se dilate
ou
ici seulement pour quelque instant
par-delà vagues fragiles
naissance à la nuit
de l'errant sa dispersion
avec force dégoût
ou talent voire
savoir la lourdeur, la durée
ces ombres mensongères
diluées en cette ardeur
éphémère ou
ta brume est
voire cet élan
à l'atmosphère vaine
scansions
où le soir est sang
obscure clarté
flamme intestine
convulsions certes
en caresses...





mardi 2 août 2016